mercredi 4 mars 2009

L'enseignement prodigieux du Baal Shem Tov

Extrait du livre de Rabbi Israël Ya'aqov Klapholz “Histoires du the Baal Shem Tov” (Pe'er HaSefer), vol. II, sec.6.

L'enseignant prodigieux du Baal Shem Tov

Dans une de ses lettres – datée “mardi, paracha Devarim, 5493 (3 juillet 1733) – le Baal Shem Tov a écrit ce qui suit :

“Je suis né dans le village de Okup [Ukraine], en l'an 5458 (1698). À l'âge de cinq ans, mon père et ma mère, de mémoire bénie, sont décédés. La communauté de mon village me procurait ma nourriture, mon eau, mes vêtements et les frais de mon instruction. Cependant, lorsque les leaders de la qéhila (communauté) s'aperçurent que les résultats de mon étude n'étaient pas brillants, ils cessèrent leur aide.”

“Je me mis à voyager de ville en ville, de village en village, jusqu'au jour où j'arrivai à la ville de Brody. Lorsque j'eus dix-huit ans, je devins un mélamed (enseignant) pour les très jeunes enfants. Je devins le beau-frère de Rav Gershon de Kitov lorsque j'épousai sa sœur.”

“Je ne savais pas à cette époque” – écrit le Baal Shem Tov dans sa lettre – “que grâce au mérite de mes illustres ancêtres, j'avais reçu une âme précieuse.”

“Un certain vendredi après-midi – paracha Vayéchev – à exactement treize heures, je tombai dans un sommeil profond. Dans mon rêve, je voyais un vieil homme qui me demandait si je savais qui il était. Je répondais que je ne savais pas.”

“Alors, il me dit : 'Sache que j'ai été envoyé du Ciel afin d'étudier chaque jour avec toi. Dirige-toi vers les montagnes qui entourent la ville et je viendrais pour t'enseigner et te révéler la façon dont tu devras te comporter. Cependant, tu ne dois révéler ce rêve à personne, même pas à ta femme. Absolument personne ne doit être mis au courant de ce rêve avant que je ne te le permette'.”

“Lorsque je demandai son nom à cet homme, il me répondit qu'au fil du temps, je le découvrirai. Le vieil homme disparut et je me réveillai.”

“Je pensais que cela n'avait été qu'un rêve et que je ne devais pas y accorder une quelconque importance. J'allai au miqwé (bain rituel) afin de m'immerger en l'honneur du Chabath. Dès l'instant où je mis ma tête sous l'eau – en gardant les yeux ouverts comme à l'accoutumée – je vis le vieil homme ; je le voyais avec mes yeux ouverts ! Une grande peur s'empara de moi et j'avais l'impression de me transformer en une différente personne, avec une aura spirituelle qui planait au-dessus de moi.”

“Pendant les prières du vendredi soir – plus précisément pendant la prière de Qabalath Chabath – je sentais que tout le monde me regardait, sans en connaître la cause ou la raison.”

“Cette nuit, le vieil home m'apparut de nouveau en rêve. Il me dit : 'Ne pense pas qu'il s'agisse simplement d'un rêve. Non, très cher, cette vision est réelle. La preuve deviendra évidente lorsque tu quitteras la ville – dimanche – afin de venir me rencontrer entre la deuxième et la troisième montagne. Au Nom de D-ieu, avant de partir, immerge-toi quatre fois.' Il finit son message et disparut.

“Lorsque je me réveillai, je compris qu'il ne s'agissait pas d'un simple rêve, mais que cela avait été ordonné du Ciel. Tout cela était grâce au mérite de mes ancêtres, de mémoire bénie, qui avaient prié devant le Trône céleste pour qu'on m'accorde la miséricorde et que je pusse atteindre une élévation spirituelle.”

“Pendant les prières du Chabath matin, on m'appela afin de réciter la bénédiction sur la Tora et on m'accorda l'honneur de Maftir. Je trouvai cela très inhabituel car on ne m'avait jamais accordé l'honneur de cette bénédiction auparavant.”

“Pendant le troisième repas de Chabath, mon beau-frère – Rav Gershon de Kitov – m'appela et me demanda : 'Israëliq, j'ai remarqué un changement important sur ton visage. Te sens-tu bien ?'”

“Je ne répondis pas un seul mot, comme le vieil homme me l'avait ordonné.”

“Lorsque Chabath prit fin, je prononçais [la chanson traditionnelle] 'Éliyahou Hanavi' ; ma femme me demanda pour quelle raison j'étais aussi pâle. Cette fois-là aussi, je ne répondit pas.”

“Le dimanche, paracha Miqetz” – continue le Baal Shem Tov dans sa lettre “il tomba beaucoup de neige. Je n'y prêtai aucune attention. À onze heures du matin, j'allai au miqwé et après l'immersion, je me dirigeais vers l'endroit désigné entre la deuxième et la troisième montagne.
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Le vieil homme vint à ma rencontre et me demanda de le suivre. Il m'amena dans une grotte – au-dessus d'une falaise – qui était remplie de lumière. Une table et deux chaises se trouvaient à l'intérieur. Il s'assit sur une des deux chaises et me demanda de m'asseoir sur l'autre. Il se saisit d'un livre que je n'avais jamais vu auparavant. Lorsque je commençais à le lire, j'eus l'impression qu'une âme supplémentaire était entrée en moi, qu'elle éclairait mes yeux et qu'elle ouvrait les portes de la sagesse devant moi.”

“Après deux heures d'étude, le vieil homme me dit : 'Mon fils, cela est suffisant pour aujourd'hui. Nous continuerons, avec l'aide de D-ieu, demain. Fais cependant attention à toi et ne révèle tout cela à personne '.”

“Je lui demandai son nom, mais il me répondit que le moment pour me le révéler n'était pas encore arrivé. Il me prit par la main et nous quittâmes la cave. Le vieil homme m'accompagna jusqu'à la ville ; il plaça ses mains saintes sur ma tête et il me bénit. Nous continuâmes d'étudier de la sorte pendant une année entière. Pendant toute cette période, je ne sus jamais le nom de mon maître et enseignant.”

“Un certain jour, pendant les mois d'été, nous nous apprêtions à nous quitter à la fin d'une séance d'étude. À cet instant, il me divulgua son nom. Je fus saisi de peur et d'effroi en pensant au privilège d'étudier sous la direction d'un tel maître saint. Je tombai à terre, sans connaissance. Grâce à D-ieu, je retrouvai mes esprits rapidement. Mon mentor me dit alors de changer de lieu de résidence et de quitter ma ville pour aller m'installer dans un village. Mon beau-frère m'aida à déménager dans un village proche de la ville de Kitov.
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Je trouvai une grotte dans laquelle je m'isolais du jour de Chabath au suivant Chabath. Chaque vendredi, je retournais chez moi afin d'y passer le Chabath. Chaque jour, j'étudiais sous les auspices de mon maître saint qui me révéla les plus secrets des secrets.”

“Un jour, mon Rabbi m'informa que le moment était venu de me révéler au monde. De fait, il avait été décrété et scellé que lorsque j'atteindrai l'âge de trente-six ans, je devais me révéler.”

“L'année 5494 (1734)” – continue le Baal Chem Tov dans sa lettre – arrivera bientôt. Cela m'inquiète énormément car je sais que je serai la cause d'une grande agitation et d'une controverse immense. J'aurai de nombreux opposants qui désireront m'avaler vivant. J'ai confiance en la compassion infinie de D-ieu car Il ne m'a jamais quitté jusqu'à ce jour et Il ne me quittera certainement jamais dans le futur. Pour autant, pour quelle raison ais-je besoin de tout ce dérangement ?
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Mon sort est tellement bon actuellement : j'étudie par moi-même et je suis privilégié d'étudier chaque jour sous les auspices de mon enseignant saint. Je ne suis pas le sujet des vanités de ce bas monde. Pourtant maintenant, je dois faire face à un tel défi.”

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