jeudi 5 mars 2009

Exemples de retraite totale dans la Tora

De Rabbi Avraham ben HaRambam (Maïmonide), Sefer HaMaspiq (“Le Guide pour servir D-ieu”), p. 497-501. Même si les notes de bas de page ont été omises, nous avons ajouté les informations nécessaires entre parenthèses.
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Exemples de retraite totale dans la Tora
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Le concept de “retraite totale” – c'est-à-dire la séparation de la ville et l'isolation dans un désert, une terre en friche, les montagnes ou tout ce qu'il y a de semblable – est décrit dans les histoires des prophètes et de leurs disciples. Nous désirons vous informer de ces histoires ; peut être, s'agira-t-il seulement de vous les rappeler. Il est un fait notoire et une tradition qu'il s'agissait de la façon d'agir d'Hanokh, même si cela n'est pas écrit d'une façon explicite. À propos de sa façon de vivre, il est écrit : “Hanokh marchait avec D-ieu” (Béréchith 5:24). Cela signifie qu'il accordait beaucoup de temps à l'errance et à la solitude.
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Notre patriarche Avraham dit à ses deux serviteurs : “Moi et le jeune homme nous irons jusque là-bas, nous nous prosternerons et nous reviendrons vers vous” (ibid. 22:5). Un lecteur attentif déduira qu'Avraham avait déjà l'habitude de se séparer de temps à autre, même des membres de sa propre maison. Il est clair que notre patriarche Yits'haq continua cette pratique spirituelle, tel qu'il est dit : “Yits'haq était sorti dans les champs pour se livrer à la méditation” (ibid. 24:63).
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La seule raison pour laquelle les patriarches et leurs enfants – qui suivaient leurs voies – choisirent de garder les moutons, plutôt que d'autres occupations, était que cela leur donnait l'opportunité d'une retraite dans la nature, loin des villes.
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Chaque personne dotée de bon sens peut méditer sur la situation de notre patriarche Ya'aqov. Il endura quatorze année à mener des moutons, lorsqu'il travailla pour Ra'hel et Léa, tel qu'il est dit : “Je t'ai servi quatorze ans pour tes deux filles” (ibid. 31:41). Pourtant, lorsque Lavan lui fit face et lui demanda de quelle façon il désirait recevoir son salaire – “Dicte-moi ton salaire, je le donnerai” (ibid. 30:28) – Ya'aqov ne choisit pas l'argent, l'or ou quelque chose d'autre. Il préféra choisir l'opportunité de retourner mener les moutons – “Tu ne me donneras rien. Accordes-moi la chose que voici : je recommencerai à conduire ton menu bétail, à le surveiller” (v. 31).
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Il [adopta la vie de berger] malgré les privations, tel qu'il mentionna : “J'étais, le jour, en proie au hâle, et aux frimas la nuit, et le sommeil fuyait de mes yeux” (ibid. 31:40). Cette occupation convenait à son chemin spirituel, tandis que tout autre effort s'y serait opposé, ou empêché.
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Le Maître des prophètes – Moché, le serviteur de D-ieu et Son messager – menait des moutons et aller très loin dans le désert : “Moché faisait paître les brebis de Jéthro son beau-père… Il avait conduit le bétail au fond du désert, et était parvenu à la Montagne divine au mont Horeb” (Chémoth 3:1). Ceci n'était pas à cause du manque de champs de pâturage autour de Midian ; plutôt, Moché désirait emprunter son chemin de retraite intérieure qui permettait d'atteindre un degré [de sainteté] qu'aucune autre personne que lui pouvait réellement comprendre.
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De plus, ne me défiez pas avec les mots d'Onqelos qui explique le verset “il avait conduit le bétail au fond du désert” comme voulant dire “il avait conduit le bétail dans un pâturage adéquat,” car vous connaissez la déclaration des Sages : “un verset peut être expliqué de différentes façons” (Sanhédrin 34a). En fait, si on est attentif, on s'aperçoit que le commentaire des Sages diffère fréquemment de celui d'Onqelos.
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“D-ieu dit à Moché : 'Monte vers Moi, sur la montagne'” (Chémoth 24:12) ; “Nul n'y montera avec toi…” (ibid. 34:3). Ceci était pour permettre à Moché de connaître une retraite totale, grâce à laquelle il pourrait rencontrer [D-ieu] et recevoir ce qu'il a reçu. Parce que Moché désirait la solitude, il prit la tente et la plaça à l'extérieur du camp, loin du camp [et il l'appela la 'Tente d'assignation']” (ibid. 33:7).
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La génération du désert se retira d'une façon collective du monde habité pendant quarante années, afin de parvenir à “rencontrer” D-ieu. “Je vous ai fait marcher quarante ans dans le désert… afin que vous apprissiez que c'est Moi, l'Éternel qui suis votre D-ieu” (Devarim 29:4-5). D'autre part, D-ieu dit – dans la bouche de Son prophète : “[Je me souviens…] quand tu Me suivais dans le désert, dans une région inculte” (Jérémie 2:2). Éliyahou et Élisha avaient l'habitude de s'isoler régulièrement sur le mont Carmel pour profiter d'une retraite, tel que plusieurs versets le prouvent (Rois I, 18:42 ; Rois II, 2:25, 4:25).
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C'est grâce à ces retraites fréquentes et complètes qu'Éliyahou parvint à sa proximité avec D-ieu, tel qu'il est écrit :
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“Il fit une journée de chemin dans le désert (…) pendant quarante jours et quarante nuits jusqu'au Horeb (…) La Voix divine s'adresse à lui, disant : 'Que fais-tu là, Éliyahou ? (…) Le Seigneur se manifesta…” (Rois I, 19:4-18)
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Même Balaam utilisa la retraite pour connaître D-ieu, tel qu'il est dit : “J'attendrai là-bas la rencontre [avec D-ieu]” (Bamidbar 23:15). Onqelos traduit “il s'en alla chéfi ” (v.3) comme “il s'en alla dans la solitude.” Également, il est dit : “[Balaam] tourna son visage du côté du désert” (ibid, 24:1). Nous savons que tous les disciples des prophètes avaient l'habitude de se retirer dans des places lointaines, telle que la Tombe de Ra'hel (Samuel I, 10:2), Beith-El (Rois II, 2:23), Jéricho (ibid. 2:15), et près de la rivière du Jourdain (ibid. 6:2). Tout cela est clair pour la personne qui lit les versets avec attention.

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