lundi 23 mars 2009

Le Maître de prière

Le Maître de prière
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Il était une fois, un Maître de prière. Il était constamment en train de prier, de chanter et de louer D-ieu. Il habitait à l'extérieur des villes. Il avait l'habitude de se rendre en ville et d'approcher les personnes qu'il y rencontrait ; le plus souvent, il s'agissait de personnes d'un statut social peu élevé tels que les pauvres. Avec ces personnes, il engageait des conversations à cœur ouvert à propos de la raison de l'existence du monde. Il leur disait qu'en vérité, il n'existait qu'un seul objectif dans la vie : servir D-ieu, tous les jours de notre vie et consacrer son temps à prier D-ieu, à Le chanter et à Le louer.

Lorsqu'il parlait à une personne, il utilisait des paroles pour l'encourager et la motiver. Il agissait de la sorte jusqu'au moment où ses paroles commençaient à entrer dans l'esprit de son interlocuteur. Il poursuivait ses efforts jusqu'au moment où cette personne désirait se joindre à lui. Lorsque cela arrivait – et sans perdre de temps – il la prenait et la menait au lieu où il résidait, à l'extérieur des villes.

Ainsi que nous l'avons dit précédemment, ce Maître de prière avait choisi pour lui-même un endroit loin de la ville. À cet endroit, se trouvait une rivière, ainsi que des arbres fruitiers. Ce sont de ces fruits qu'ils mangeaient. D'autre part, il ne se sentait pas particulièrement concerné au sujet des vêtements.

[Le Maître de prière] avait l'habitude de se rendre dans les villes et de persuader les personnes qu'il y rencontrait de servir D-ieu, de l'imiter et de prier. Il prenait chaque personne qui désirait se joindre à lui et il la menait au lieu où il résidait, à l'extérieur des villes. À cet endroit, tous étaient occupés seulement à prier, à chanter et à louer D-ieu. Tous faisaient également toutes sortes de confessions, de jeûnes, de mortifications et de repentance. Il leur donnait des livres dans lesquels il était question de prières, de chansons, de louanges et de confessions. Tous étudiaient ces livres, tout le temps.

Tout cela continua jusqu'au moment où il trouva parmi ces personnes qu'il avait amenées là-bas, certaines qui pouvaient rapprocher d'autres individus à servir D-ieu. À ces personnes, il donnait l'autorisation de se rendre dans les villes et de s'y engager à cette tâche : rapprocher les personnes de D-ieu.

Le Maître de prière était constamment occupé à cette activité. Toujours, il rapprochait les personnes qu'il trouvait dans les villes de la façon que nous avons décrite ci-dessus.

Après un certain temps, son activité fit impression dans le monde et elle commença à être connue. Les uns après les autres, des individus disparaissaient du pays et personne ne savait où ils allaient. Sans prévenir, quelqu'un perdait son fils – ou un autre membre de sa famille – sans être capable de dire où il se trouvait maintenant. Cependant, on finit pas apprendre que les personnes qui disparaissaient se trouvaient avec le Maître de prière et qu'il agissait en les persuadant à servir D-ieu.

Malgré de nombreuses tentatives, il s'avéra impossible de le capturer : personne ne pouvait le reconnaître ! Celui-ci se comportait avec beaucoup d'intelligence : il changeait et modifiait constamment son aspect extérieur. Un certain jour, il apparaissait sous les traits d'une personne pauvre ; un autre jour, il revêtait les habits d'un marchand. Chaque fois, il jouait le rôle d'une personne différente.

[Le Maître de prière] employait également cette aptitude au changement dans sa façon de parler aux personnes qu'il abordait dans les villes. Lorsqu'il constatait que ses paroles ne causaient pas d'effet particulier sur la personne à qui il parlait, il la trompait en cachant son intention ultérieure. Dans ce cas, les personnes qui l'écoutaient ne réalisaient absolument pas qu'il avait une intention particulière ou qu'il s'intéressait à un sujet spécifique : les rapprocher de D-ieu. Ces personnes n'avaient aucun moyen de comprendre sa motivation ultime.
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Cependant, la vérité est que ce qui intéressait au plus haut point [le Maître de prière] lorsqu'il entrait en contact avec ces personnes était de les rapprocher de D-ieu.

Il employait ces subterfuges seulement dans les cas où il constatait que ses interlocuteurs ne le comprenaient pas et que ses paroles ne faisaient pas l'effet escompté. Alors, il se servait de cette tactique en déguisant son intention et en trompant les personnes à qui il parlait, jusqu'au moment où il leur était impossible de comprendre son intention réelle, qu'il était occupé à les rapprocher de D-ieu.

En fin de compte, tout ce qu'il faisait finit par faire son impression et être connu dans le monde. C'est pour cela qu'on essaya de le surveiller et de le capturer… mais sans succès, tel que nous l'avons déjà dit.
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Le Maître de prière vivait – comme nous l'avons déjà mentionné – à l'extérieur des villes, avec les personnes qui l'entouraient. Tous étaient occupés seulement de la façon que nous avons précédemment décrite : par la prière, par des chansons, par des louanges faites à D-ieu, par des confessions, par des jeûnes, par des mortifications et par le repentir.

Le Maître de prière était également capable de fournir [aux personnes qui étaient avec lui] tout ce dont elles avaient besoin. Ainsi, s'il arrivait au Maître de prière de comprendre qu'une de ses personnes avait besoin – selon elle – de vêtements en or dans le but de servir D-ieu, il les lui procurait. D'autre part, l'inverse pouvait se produire. À l'occasion, le Maître de prière rapprochait de lui une personne riche et l'amenait à quitter les villes. S'il comprenait que cette personne riche avait besoin de porter des vêtements déchirés et sales, il lui disait de le faire.

De fait, il fournissait à chaque personne de son entourage ce dont elle avait besoin, selon ce qu'il comprenait. Pour toutes ces personnes qu'il rapprochait de D-ieu, les jeûnes et les mortifications étaient bien plus précieux que tous les plaisirs de ce monde. Elles ressentaient plus de plaisir des mortifications ou des jeûnes que de tous les plaisirs de ce monde.
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Commentaire :

De Rabbi Aryeh Kaplan. Extrait traduit de l'anglais du livre “Rabbi Nachman’s Stories” (Breslov Research Institute), pp. 278-283.

L'histoire du Maître de prière fut racontée le samedi soir, à la fin de Roch 'Hodech Chevat 5570 (6 janvier 1810) ('Hayé Moharan 15c, #59).

Rabbi Yossef – le 'hazan (personne qui dirige les offices religieux) de Breslev – se trouvait en compagnie de Rabbi Na'hman, avec un certain nombre d'autres sympathisants. Le 'hazan portait un caftan déchiré et Rabbi Na'hman lui dit : “Vous êtes le 'hazan par l'intermédiaire duquel tout arrive. Pour quelle raison n'avez-vous pas un caftan décent ?” Ensuite, il commença : “Il était une fois, un Maître de prière (Ba'al Tefila)…”

Il raconta toute l'histoire cette nuit-là. Au début, les personnes présentes pensaient qu'il racontait une véritable anecdote ; elles ne réalisèrent pas qu'il racontait une histoire. Cependant, au fur et à mesure que l'histoire était révélée, elles se rendirent compte qu'il racontait une des histoires “des temps anciens” ('Hayé Moharan 16a #3 ; consulter Tovoth Zikhronoth, p.25).

Durant cet hiver, Rabbi Nathan se trouvait dans la ville de Berdichev (Ukraine) afin d'y collecter une dette du beau-frère de Rabbi Na'hman (Yémé Moharnat 27b). Lorsqu'il revint de Berdichev – après la fête de 'HanoukaRabbi Na'hman dit : “Je connais une histoire qui fut racontée avant l'époque du premier Temple [de Jérusalem] et c'est seulement le prophète qui raconta l'histoire et moi-même qui connaissons son secret.”
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Peu de temps après, il raconta l'histoire du “Maître de prière.” Cependant, il dit qu'il ne s'agissait pas de l'histoire à laquelle il avait fait référence (Si'hoth HaRan 198). Pendant cet hiver, Rabbi Na'hman raconta trois histoires : “Les enfants échangés”, “Le Maître de prière” et “Les sept mendiants” (Yémé Moharnat 30b).

Rabbi Na'hman lui-même a dit que cette histoire se rapporte au chapitre 31 du livre d'Isaïe (fin de l'histoire).

Il y a dix personnages dans l'histoire, associés au dix Séfiroth (fin de l'histoire), ainsi qu'aux Dix Commandements (Parpara'oth LeChokhma à propos du Mekhilta, Yitro). Les dix personnages représentent également les dix personnes d'un minyan qui est dirigé par le Ba'al Tefila (Liqouté Halakhoth, Tefila, 4:1).

Il est également possible que les dix personnages de l'histoire correspondent aux dix hommes du cercle de Rabbi Chim'on Bar Yo'haï (Idra). On raconte également que le Arizal possédait un cercle équivalent de dix hommes (Vayaqek Moché, Introduction). Nous verrons que Rabbi Na'hman lui-même s'identifiait avec certains personnages de cette histoire.

Maître de prière. Ba'al Tefila ; en hébreu, il s'agit d'une expression qui est le plus souvent utilisée afin d'indiquer un 'hazan, la personne qui dirige les offices religieux. Même s'il possédait de nombreuses autres qualités – et qu'il était un grand saint – il est appelé le Maître de prière, ou la personne qui dirige la prière (Liqouté 'Etsoth, Tefila 24). Cela s'explique par le fait que la prière est la principale rectification de tous les attributs qui sont tombés (Liqouté Halakhoth, Tefila 4:12).
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Grâce à la prière, il est possible d'atteindre les niveaux les plus élevés et de réaliser tous ses désirs (Liqouté Moharan Tinyana 111). Ainsi, le Ba'al Tefila est le premier personnage introduit dans le le livre (fin de l'histoire) et le leader du groupe des dix du roi dans la rectification (Liqouté Halakhoth, Tefila 4:1).

Le Ba'al Tefila est perçu comme le paradigme du Tsadiq, le Juste ou le Saint (Liqouté 'Etsoth, Tokhachah 8). D'une certaine façon, il est modelé d'après le Baal Shem Tov, ou Rabbi Na'hman lui-même.

Considérés sous un aspect plus profond, tous les personnages de l'histoire correspondent au Sefiroth qui représentent différents aspects grâce auxquels nous pouvons comprendre D-ieu. Selon le Talmud, D-ieu Lui-même prie (Berakhoth 7a). Également, au début de la Création – après le tohu bohu qui correspond au bris des récipients – D-ieu dit : “Que la lumière soit !” (Genèse 1:3) ; ceci peut être considéré comme la première prière. Ainsi, D-ieu Lui-même peut être perçu comme le Maître de prière (Chokhmah U'Tevunah 10).

Il est dit du Maître de prière qu'il correspond au dernier des Dix Commandements – “Ne convoite pas” (Exode 20:14) – qui, selon le Zohar, inclut tous les autres Commandements (Zohar Chadash 44c ; Parpara’oth LeChokhmah, Mekhilta, Yitro).

Parmi les Sefiroth, le Maître de prière est probablement associé à celle de Malkhouth. De fait, le Maître de prière “passait à travers les places” de tous les personnages dans sa descente, tandis que les autres ne passent pas à travers sa place. Le plus souvent, Malkhouth est personnifiée par le Roi David ; en réalité, il est possible de dire que le Roi David était le paradigme du Maître de prière.

à l'extérieur des villes. Avant le tiqoun, les lieux habités sont loin du véritable but. C'est pour cela que dans les prières du matin, nous disons : “Toutes leurs actions sont confusion.”

D'un point de vue conceptuel, le Maître de prières était également loin de la civilisation. Il ne se sentait pas concerné par ce que les personnes font. Pour lui, jeûner et prier représentaient les plus grands plaisirs, ce qui est l'opposé de ce que pensent les gens ordinaires.

Ceci nous apprend que si une personne désire réellement servir D-ieu – au plus haut niveau – elle doit se distancer des autres personnes. Si elle ne peut pas réaliser cela d'une façon physique, elle doit le faire mentalement. Ceci correspond au concept de hitbodédouth – la prière isolée – qui est un aspect fondamental de l'enseignement de Rabbi Na'hman.

En fait, nous constatons que le grand ouragan avait transformé le désert en lieux où vivaient les personnes et les lieux où vivaient les personnes en désert. Par conséquent, en restant dans les déserts, le Ba'al Tefila se trouvait dans ce qui avait été un lieu habité avant la période de confusion (Rimsé Ma'assioth).

Ceci nous apprend une leçon générale : un Tsadiq qui désire rapprocher des personnes de D-ieu doit rester éloigné des lieux habités. S'il ne peut pas faire cela d'une façon physique, il doit le faire conceptuellement (Liqouté 'Etsoth II, Tsadiq 80).

D'une façon générale, il existe un débat afin de savoir s'il est préférable de rejeter le monde ou d'essayer de l'élever. Selon le Ba'al Tefila, la meilleure chose à faire consistait – à cette époque – à rejeter le monde. C'est peut être le même débat qui exista entre Caïn et Abel. Après que D-ieu ait maudit la terre (Genèse 3:17), Abel se sépara du monde en devenant berger (Genèse 4:2, Rachi, ad. loc.). D'autre part, Caïn devint fermier et essaya d'apporter un remède à la malédiction. Pendant les époques de grande agitation, il se peut que l'approche de Caïn ne soit pas couronnée de succès (Oneg Chabath, p. 40).

Dans la mesure où le monde a emprunté le chemin des erreurs – et chaque terre qui possède des habitants suit une erreur spécifique – le Maître de prière se tenait éloigné des régions habitées. Il semble également que le groupe de personnes qui choisit la prière comme objectif (tel qu'il est raconté plus loin dans l'histoire) ne résidait pas à un endroit particulier. Dans le cas de tous les autres groupes, l'histoire nous dit qu'ils résidaient à un endroit spécifique, ce qui n'est pas le cas de ce groupe. Plus loin dans l'histoire, nous verrons également que ce groupe voyageait plutôt que de résider à une place définie.

de se rendre en ville. Même si le Tsadiq doit rester éloigné de la façon d'agir des gens ordinaires, il existe certaines occasions où il doit se comporter comme une personne ordinaire afin de rapprocher les autres de D-ieu. Sous cet aspect, il “se rend en ville” (Liqouté 'Etsoth II, Tsadiq, 80).

les pauvres. Il est préférable de rapprocher de D-ieu les personnes importantes et intelligentes car ces personnes possèdent des âmes plus grandes que les autres. De plus, lorsque des personnes importantes sont intéressées à quelque chose, elles entraînent dans leurs traces les autres personnes, moins importantes. Cependant, le Satan rend cette tâche très difficile ; c'est la raison pour laquelle le Tsadiq doit commencer à travailler avec la masse des gens modestes (Liqouté 'Etsoth, Tokhachah 7).

la raison de l'existence du monde. Comme nous verrons plus loin, les différents groupes de personnes dans le monde avaient choisi pour eux-mêmes toutes sortes de raison de vivre fausses et déformées.

qu'ils mangeaient. Ainsi, ils n'étaient pas particulièrement concernés avec ce qu'ils mangeaient et buvaient ; conséquemment, ils n'avaient pas besoin d'argent pour se procurer leurs besoins (cf. Rimsé Ma'assioth). En un certain sens, ils étaient comme Rabbi Chim'on bar Yo'haï – qui vivait dans une grotte – dont les besoins étaient comblés grâce à une source et un caroubier (Chabath 33b). Précédemment, nous avons noté que le Ba'al Tefila aussi ressemble à Rabbi Chim'on bar Yo'haï car il était le leader d'un groupe de dix personnes.

vêtements. Rabbi Na'hman ajouta cette remarque à cause du caftan du 'hazan (personne qui dirige les offices religieux) breslev qui était déchiré, ce qui ne semblait pas concerner outre mesure ce 'hazan ('Hayé Moharan 16a #3).

Rabbi Na'hman avait l'habitude d'enseigner que le désir pour les beaux vêtements peut mener une personne à pécher (Si'hoth Haran 100). De plus, l'avidité pour la richesse – qui est le trait le plus difficile à rectifier (comme nous verrons plus loin dans l'histoire) – peut être rectifié en n'étant pas particulièrement concerné par les vêtements (Liqouté Halakhoth, Guénéva 2:9 ; Rimzé Ma'assioth).

confessions. En confessant leurs péchés à D-ieu – ce qui est la première étape du repentir – en jeûnant et en faisant des mortifications. Tout cela était également utilisé par les kabbalistes dans le but de se repentir et de se purifier.

livres. Le Ba'al Tefila lui-même avait écrit un nombre important de ces livres de prière, comme nous verrons plus loin dans l'histoire (cf. Liqouté 'Etsoth II, Tefila 24).

à ces personnes, il donnait l'autorisation. Après que les disciples du Tsadiq aient suivi son régime de prière et autres techniques, il peut les laisser se mêler avec d'autres personnes afin de les amener plus près de D-ieu (Liqouté 'Etsoth II, Tokhachah 7).

disparaissaient des villes. Ceci concerne hitbodédouth (la prière isolée), qui représente l'unique façon d'atteindre l'objectif final (Rimsé Ma'assioth). Par conséquent, le Maître de prière insistait pour que la prière ait lieu dans des endroits isolés (consulter le Liqouté Moharan 52 en ce qui concerne hitbodédouth faite loin des villes). De plus, lorsqu'ils se trouvent parmi d'autres personnes, ils sont sujets aux influences hostiles et ils ne peuvent pas atteindre leur potentiel complet (Liqouté 'Etsoth II, Tokhacha 7).

de capturer [le Maître de prière]. Parce que ce monde est dans un état de confusion, les personnes essayèrent de capturer le Ba'al Tefila, plutôt que de l'imiter. Lorsqu'une personne est proche de l'objectif final – et qu'elle essaie d'amener les autres à servir D-ieu – les forces du mal essaient de la faire prisonnière. Cependant, chaque personne doit constamment s'efforcer d'amener les autres à se rapprocher de D-ieu, même si cela signifie que d'autres essayeront de la capturer (Rimsé Ma'assioth).

beaucoup d'intelligence. Ou, littéralement : “se comportait avec sagesse.” Dans la mesure où le Satan essaie de capturer le Tsadiq qui tente de rapprocher les autres de D-ieu, il doit agir avec une grande sagesse (Rimsé Ma'assioth).

il changeait et modifiait constamment son aspect extérieur. Le Tsadiq qui désire rapprocher les autres de D-ieu doit faire preuve d'intelligence et, à l'occasion, utiliser des déguisements. Si les personnes le reconnaissent, elles pourraient ne pas l'écouter du tout et dans ce cas, elles pourraient même essayer de lui faire mal (Liqouté 'Etsoth II, Tokhachah 8).

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